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  • La rédaction

Interview de Thomas Nanterme co-fondateur de Prestashare


Vous devez vous dire que chez AJstage on adore interviewer les Thomas. Alors non ce n'est pas le lobby des Thomas de France qui nous dicte quoi faire, c'est seulement un heureux hasard.

Thomas Nanterme est le co-fondateur de Prestashare, (une start-up spécialisée dans la recommandation de prestataires BtoB) créée il y a un peu moins d'un an. Nous avons décidé de le questionner sur son parcours quelque peu atypique. Il nous reçoit dans ses bureaux rue Blondel dans le 2nd arrondissement de Paris. WORKABLE : Bonjour Thomas, est-ce que tu peux te présenter rapidement en 2 / 3 phrases ?

Bonjour, donc Thomas enchanté, j’arrive sur mes 30 ans cette année. Mes parents sont originaires de la région lyonnaise, c’est d’ailleurs là-bas que j’ai grandi. Mon père était administrateur judiciaire et ma mère était mère au foyer. Nous sommes 5 enfants dans la famille, j’ai 3 sœurs et un frère.

J’ai ensuite quitté Lyon pour rejoindre Nantes où j’ai fait mes études supérieures. A la suite de ces dernières, j’ai réalisé un tour du Monde d’un an il y a environ 4 ans désormais. Depuis, j’ai monté 2 boites.

WORKABLE : Très bien, maintenant qu’on en sait un peu plus sur toi, on va aborder un peu ton parcours scolaire. Tu en gardes plutôt un bon ou un mauvais souvenir ?

Alors, j’ai fait toute ma primaire, mon collège / lycée ainsi que ma prépa à Lyon. Ça s’est toujours plutôt bien passé. J’aimais bien m’exprimer, sans être un élément perturbateur pour autant. Je n’ai jamais eu de réels soucis au niveau des notes. J’ai eu un bac E.S.

Enfin si, il y a bien un échec que je retiens de ma scolarité : j’avais tenté Sciences Po Paris et je ne l’ai pas eu. C’était un peu l’école de mes rêves et j’ai mis du temps à m’en remettre. Du coup, à la suite de cet échec, j’ai fait une prépa école de commerce.

De manière générale, j’ai pris beaucoup de plaisir dans mes études. Je les regrette presque. Il y a un truc que je trouve génial dans l’Ecole c’est qu’on touche un peu à tout et que les matières sont réparties dans la journée. Quand on compare avec le boulot, les stages, par exemple on peut avoir un sentiment de monotonie. De faire toujours la même tâche pendant une année.

Tandis qu’à l’école il y a plein de sujets qui vont du tout au tout, le fait de passer de l’Histoire à la philo, puis des maths au français par exemple. Même si certaines matières te plaisent moins, il y a toujours une ambiance propre à chacune.

WORKABLE : Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais faire en particulier étant gamin ?

C’est une question à laquelle j’ai repensée il n’y a pas longtemps (sourire enfantin), quand j’étais au collège je voulais être vétérinaire. Puis, au lycée, je me suis rendu compte que ce n’était pas un boulot pour moi. Notamment en regardant les études qu’il fallait faire.

Le deuxième domaine qui m’a toujours interpellé, c’est l’univers de l’art et surtout le métier de commissaire priseur. Je me suis un peu censuré là-dessus en école de commerce puisque ce n’était pas trop l’esprit. C’est un monde qui continue de m’émerveiller. Je fais pas mal de choses en lien avec ça, en parallèle de mon taf, en suivant par exemple les cours du soir de l'Ecole du Louvre.

C’est un milieu fascinant vu de l’extérieur, peut-être qu’à l’intérieur c’est l’enfer. Mais cela reste une passion aujourd’hui. En matière d'art, je suis plutôt branché peinture et sculpture et petit à petit je découvre la photographie grâce à ma copine.

Thomas & Brice dans un side-car

WORKABLE : Durant ton parcours as-tu eu l’occasion d’avoir des expériences pro comme des stages, des petits boulots ... ?

Alors oui il y a eu pas mal d'expériences. Si tu veux qu’on remonte un peu loin (rires), on peut commencer par le stage d'observation en 3ème. J’avais fait ça dans cabinet d’architectes qui m’avait bien plu, notamment la partie agencement et déco. Après ce premier stage, j’ai fait des petits boulots, j’ai ramassé des abricots l’été pour me payer mes vacances. Je me rappelle, j’avais fait ça avec un pote dans la Drôme. On y allait en vélo, c’était des bonnes expériences.

Après quand tu arrives en école de commerce, ta vie est beaucoup structurée par les stages.

Mon premier “vrai” stage s’est déroulé en marketing produit chez Norauto à Valence (Espagne). Au début j’y allais sans grandes ambitions (rires). Je me disais "l’Espagne ça va être cool". Il s’est avéré que j’ai passé 6 mois vraiment top. Mes maîtres de stage étaient géniaux, j’ai pris énormément de plaisir à vendre des essuies-glaces et toutes sortes de matos dans le style. Je te passe les détails, mais globalement ça a été. On m’a offert une belle autonomie ce qui est gratifiant quand tu es stagiaire.

Mon second stage je l’ai fait au Mexique pendant 6 mois chez Cartier en marketing produit également. Pour le coup, le produit n’est pas le même. J’ai découvert un peu ce qu’était l’ambiance dans une boîte de luxe avec les bons aspects et les inconvénients. C’était hyper agréable.

Enfin, mon stage de fin d’études en tant que conseiller marketing. Cette fois-ci je suis resté en France.

Je ne suis pas quelqu’un fait pour le conseil et je m’en suis rendu compte pendant le stage. Il n’y a pas eu de fit humain des deux côtés. Contrairement à mes précédents stages, ici on ne m’accordait pas de confiance.

Rétrospectivement je me dis qu'on aurait dû se mettre d’accord avec l’entreprise et stopper la collaboration. Paradoxalement je ne faisais pas du mauvais boulot, le taf était fait. Mais le consulting est un secteur extrêmement hiérarchisé dans lequel mon travail était constamment modifié et revu. A force cela devenait frustrant.

WORKABLE : Tu as réalisé un tour du monde avec un ami, peux-tu nous en parler un peu plus en détails ?

L’idée est venue lorsque j’étais au Mexique. Avec Brice (un ami), on surfait sur les expériences à l’étranger et on y prenait goût. On voulait partir avec un objectif et pas seulement voyager pour voyager. Monter un projet semblait donc une bonne solution. Nous sommes partis d’un constat assez simple : on entend peu parler de l'entrepreneuriat des français à l’étranger, mis à part quand on parle d’évasion fiscale. Comme avec Depardieu par exemple (rires). Pourtant il y a plein d’aventures dont on a pas connaissance, l’histoire du français qui est parti monter sa boulangerie en Argentine etc … C’est à la suite de cette réflexion qu’on s’est lancé avec Brice en créant le W Project, un web-média dédié aux entrepreneurs français à l'étranger.

Evidemment tout ne s’est pas déroulé comme prévu, on a fait toutes les erreurs qu’on peut faire en partant dans ce type d’aventure. Mais il y a quelque chose qu’on a plutôt bien fait. Pour lancer le W Project, nous cherchions à nous entourer de sponsors. Mais bon, faire confiance à 2 jeunes qui montent un projet de tour du monde, ce n'est pas évident.

Du coup, nous sommes partis 3 semaines en Espagne (avant d’entamer réellement notre tour du monde) pour interviewer plein de chefs d'entreprises et avoir du contenu à présenter aux sponsors. On est rentré avec ce premier test concluant et ça a convaincu les partenaires avec qui nous étions en discussions, et notamment le CIC qui a finance une belle partie du projet.

On s’est finalement lancé pour de bon à travers le monde (13 pays au total, parmi eux : Espagne, Afrique du Sud, Dubaï, Turquie, Inde, Singapour , Hong King, Chine, Japon, USA, Mexique, Argentine et Brésil).

Notre trip étant sponsorisé, on se devait de rendre des reporting et du contenu régulièrement. En moyenne on passait presque 1 mois par pays.

A l’origine on avait 43 pays de prévu (haha), puis on nous a raisonné, c’était beaucoup trop chargé et on risquait de survoler chaque étape.

Brice et moi on s’était donné un pays Joker chacun qu’on ne pouvait pas retirer de la liste des 43 initialement prévus. Lui c’était Le Japon alors que je n’étais pas du tout chaud à la base. Puis finalement je suis tombé sous le charme. Si je devais retenir un pays ça serait celui du Soleil Levant.

Brice & Thomas au Japon

WORKABLE : Comment rencontriez-vous les entrepreneurs lors de votre trip ? On a la chance d’avoir un bon ami qui s’appelle Google, pratique pour y trouver des articles et des infos. Une fois que tu as le contact de quelqu’un dans un pays, ce dernier a toujours 3 ou 4 autres connaissances qui ont monté une boite eux aussi etc… On se faisait même démarcher via les retombées presse que l’on générait. Trouver des gens sur place n’a pas été compliqué.

WORKABLE : Avez-vous rencontré un problème majeur ?

On a pas obtenu de visa pour la Russie. On a donc dû switcher le pays. Mais dans l’ensemble tout s’est bien déroulé.

WORKABLE : Que t’ont apportés ces voyages d’un point de vue perso et pro ?

Pour être honnête, je ne sais pas vraiment si j’ai déjà fait un bilan de cette aventure. Le fait de rencontrer des entrepreneurs et d’échanger avec eux a confirmé mon envie d'entreprendre. Je me rappelle du premier que l’on avait rencontré, ils nous avait transmis une énergie folle. On avait dû rester 6h avec lui. Sa première phrase c’était : “Faites vos 100 premiers euros puis après on verra”. J’ai quelques phrases conseils comme ça qui me reviennent de temps en temps. La plupart des personnes que nous avons rencontrés nous ont transmise leur grinta.

Sur l’aspect humain (bon je ne me le suis pas appliqué comme conseil), mais je retiendrais que tu n’es pas limité à un pays en particulier pour monter une boite. L'entrepreneuriat c’est une série de soucis donc tu n’es pas à un problème près. S’implanter sur un marché avec une langue que tu ne connais pas par exemple, c’est juste une difficulté parmi d’autres mais cela ne va pas te bloquer pour autant.

Brice & Thomas à San Francisco devant le Golden Gate Bridge

WORKABLE : L'entrepreneuriat est donc quelque chose qui te tient à cœur ! Ça l’est depuis que tu es jeune ou cela s’est développé avec le temps ?

C’est une conjonction de choses qui m’ont orientées vers cette voie. A la sortie de l'école de commerce, aller dans des structures déjà établies m'embêtait. Toutes leurs normes, le fait d’avoir trop de règles, un cadre à respecter…, tout cela me bloquait. Du coup je me suis rendu compte que l'entrepreneuriat était un moyen d'être libre (enfin on se comprends sur le mot libre hein). Bien évidemment il y a de nombreuses contraintes. Mais tu peux adapter ton emploi du temps etc..

Le second point c’est l’adrénaline. Quand j’étais au Mexique j’avais un pote qui était à fond là dedans (dans entrepreneuriat) il ne me lâchait pas avec ça. Tandis que moi j’étais bien chez Cartier, je ne me voyais pas me lancer dans d’autres choses à côté. Mais en insistant il m’a fait y prendre goût, c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier. Et puis le W Project a confirmé cette envie, d'autant que c'est le premier projet qu'on a mené à son terme..

Du coup si je résume parce que je suis parti un peu dans tous les sens : c’est le côté liberté et l’aspect créatif de l'entrepreneuriat qui m’a plu.

Bureaux de Prestashare partagés avec Youmiam

WORKABLE : Et aujourd’hui, où en es-tu concrètement ?

Depuis 8 mois on a monté Prestashare, avec Edgar et Bruno mes associés. Nous sommes partis là aussi, d’un constat hyper basique : tout entrepreneur au cours de sa vie est accompagné par de nombreux prestataires de services. Au début cela va être assez simple comme trouver un comptable et un avocat. Puis ça peut être l’agence de com’, des chasseurs de têtes etc … C’est souvent compliqué de trouver la bonne personne. Que ça soit par rapport à de nombreux critères : le prix, le fit humain etc…

Aujourd’hui on passe notre journée à faire des recommandations, (“moi je bosse avec lui, il est super ! Tu veux pas que je te mette en relation" etc …). On se fait harceler par des posts Linkedin à longueur de journée. Bref : du temps perdu et pas nécessairement efficace.

On a donc lancé Prestashare pour permettre aux boîtes de recommander et trouver leurs prestataires de confiance.

En parallèle, on permet aux prestataires de digitaliser leur bouche à oreille et d'avoir une page ou leurs clients viennent témoigner pour eux, comme une sorte de vitrine. On répond donc aux problèmes des deux parties : les entreprises en les aidant à trouver des prestataires recommandés et les prestataires en les aidant à asseoir leur image de marque online.

WORKABLE : Sans être dans les phrases toutes faites du style “crois en tes rêves”, “la persévérance finit toujours par payer” etc … que conseillerais-tu à un jeune qui souhaite lancer son business ?

Alors je vais un peu casser le mythe, mais je lui dirais d’y réfléchir à 2 fois. Pour plusieurs raisons :

Tout d’abord, c’est extrêmement exigeant d’un point de vue émotionnel. On traverse toutes les phases que tu peux rencontrer dans ta vie et elles peuvent se retrouver dans une seule et même journée. On se sent ultra vivant dans le fait de monter une boite mais parfois on est aussi au fond du gouffre. Il faut s’y préparer.

Quand on s’est lancé la première fois, on y allait la fleur au fusil, ce n’est pas comme ça que ça se passe dans la réalité. Ne pas hésiter à demander des conseils à son entourage sur les erreurs à ne pas connaître.

La grande leçon de entrepreneuriat c’est que tout se prépare.

Cela a également un énorme impact sur son entourage. Quand je me suis lancé je ne me payais pas, je ne touchais pas le chômage. Ce n’était pas évident surtout quand tu as tes potes qui sortent d’écoles et qui ont des bons taf plutôt bien payés. Quand ils me proposaient des restos, des sorties ou autres je suivais plus. De fil en aiguille tu les vois moins et c'est l'engrenage. C’est vraiment un mode de vie à part entière.

En gros, c’est une aventure extraordinaire mais il faut savoir dans quoi l’on s’embarque.

WORKABLE : Tu as monté plusieurs projets mais à chaque fois avec quelqu’un, jamais seul. Est ce une force ? Te verrais-tu lancer quelque chose en solo ?

Aujourd’hui je n’aurais rien fait de ce que j’ai fait si j’avais été seul. Donc la réponse est clairement : on va plus loin à plusieurs. Peut-être que plus tard je monterais un truc tout seul. J’admire les gens qui monte quelque chose sans l’aide de personne. Mais de manière générale, tu n’entreprends jamais seul. Il y a toujours des gens pour t’épauler.

WORKABLE : Etant donné que tu as monté différents projets, tu as sans doute dû être amené à recruter des gens. Ça fait quoi de passer de l'autre côté de la table ? As-tu vu passer des choses quelque peu “inattendus et improbables” venant de candidats lors d’entretiens ?

C’est presque plus difficile de recruter que d’être recruté selon moi. Quand tu cherches un emploi, tu peux préparer ton entretien en avance malgré la pression du jour J. Coté recruteur c’est très dur de savoir si la personne en face de toi est faite pour la boite.

Plein de boites se plantent car elles ont mal recruté. Le recrutement est un facteur clé. Le plus important selon moi est de savoir si je me verrais passer du temps, avec cette personne au quotidien. L’aspect humain est essentiel, il faut que ça match. Un autre critère important concerne la marge de progression.

Niveau insolite ... (il lève les yeux au ciel en guise de réflexion). Ah oui, une fois on était tombé sur un candidat qui avait comme passion la littérature allemande d’entre 2 Guerres. Franchement je n’y connaissais rien sur le sujet, mais étant donné que c’était plus qu’original on lui a posé des questions. Le mec était au taquet, à tel point que ça nous a fait peur. Il était fasciné et ultra calé sur le sujet.

Dans la catégorie hobbies on trouve toujours des perles donc j’aime bien creuser un peu cette partie. Tu vois la personnalité des gens, c’est ça qui est intéressant, enfin quand ils indiquent la vérité (rires).

Thomas à son bureau (bien rangé ;))

WORKABLE : Dans l’idéal, comment te vois-tu dans 10 ans ? Restons sur le plan professionnel.

Il y a quelque chose que j'adorerais faire, ce serait de devenir Business Angel (personne qui investit dans des startup qu’il estime possédant un fort potentiel). La notion de redonner je trouve ça très important. J’aimerais bien investir dans d'autres boites si possible.

WORKABLE : On arrive à la fin de notre petit entretien, est ce que tu as une dédicace à faire ou un message à passer ?

C’est toujours bien de terminer par un merci. Donc merci à vous, c’est agréable de parler un peu de ce qu'on vit. Merci à toutes les personnes qui nous ont fait confiance sur toutes les aventures qu’on a vécu depuis 5 / 6 ans. On ne construit pas une aventure tout seul.

Retrouve Thomas sur Twitter & LinkedIn

L'interview vidéo de Thomas est à venir prochainement

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